<![CDATA[NIC DUMESNIL - Blog]]>Fri, 04 Aug 2023 13:40:50 -0700Weebly<![CDATA[Les objets...]]>Sat, 29 Oct 2022 01:08:14 GMThttp://nicdumesnil.com/blog/les-objetsJe m’étais toujours considéré comme très indépendant en matière d’attachement matériel. Je me disais que d’accorder de l’importance à des choses était un peu comme de s’exposer à être triste ou déçu plus tard. Même si on parvenait à échapper à cela, on restait avec un boulet qu’on doit trainer. C’était plutôt théorique, mais mon cerveau cartésien y trouvait un confort logique et rationnel.
 
Je n’ai pas toujours pensé de cette manière, mais cette philosophie s’est profondément ancrée en moi lors de mon premier grand voyage.
Je portais dans mon cou le jonc de mariage de mon grand-père. C’était mon seul objet précieux, le seul que je chérissais. Je ne le regardais pas tous les jours, mais à certains moments, un peu tout le temps, je me surprenais à esquisser un petit sourire en pensant à grand-papa Guy.
Alors qu’on était bien occupés à découvrir les personnes qu’on voulait devenir, j’ai pensé que de sauter d’un pont pour me lancer dans une rivière était une bonne idée. Quelque chose me disait que ce n’était pas l’idée du siècle, mais ma fierté de jeune adulte invincible m’a convaincu qu’il fallait y aller. Mon plongeon a été plus qu’imparfait et j’ai atteint l’eau avec fracas, mais j’étais loin de me douter que la punition serait aussi vive. Ma chaine a brisé sous l’impact et le jonc a disparu dans le courant. L’eau était cristalline et envoyait des scintillements qui nous ont fait penser plusieurs fois qu’on avait localisé l’objet, mais après de longues recherches, il a fallu accepter le fait que la rivière l’avait avalé. Elle n’a recraché sur moi que la honte et la tristesse d’avoir perdu le seul souvenir de mon papi.
Avec le temps, j’ai relativisé. J’ai compris que ce n’était qu’un objet. J’ai compris que grand-papa serait avec moi dans mes pensées pour toujours. J’ai aussi décidé que je ne serais attaché à rien d’autre de matériel. J’y mettrais mon sceau. Il n’y aurait pas d’exception.
 
De très nombreuses années plus tard, par un mardi pluvieux sur la rive-sud de Montréal, un refoulement d’égouts s’est invité dans notre maison, avec sa puanteur et ses problèmes d’humidité. Après une gestion de crise pour sauver les objets au sol et pour rassurer les enfants que leurs jouets seraient sauvés, j’ai commencé le ménage. Et c’est là que j’ai découvert que sous l’escalier, l’eau avait monté un peu plus haut qu’ailleurs. C’était aussi là que je gardais, surélevé de quelques centimètres, toutes mes toiles et mes dessins effectuées pendant les 25 dernières années. L’eau, sournoise et vicieuse, s’est rendu à la base de chaque toile et a commencé son chemin vers le haut, se faisant aspirer par les pores du papier. La quasi-totalité de mes tableaux a été détruit ou sent maintenant l’eau brune des canalisations défaillantes de la ville.
Je veux me convaincre que ce n’est pas grave, que ce sont juste des objets, mais je vais être franc, je suis vraiment déçu. Je sais, il y a bien, bien pire. Il y a des vies détruites au complet par le feu, l’eau et les autres cataclysmes. Il y a des blessures physiques qui peuvent aussi survenir… Je comprends tout ça… Et ça aide à relativiser… Mais c’est quand même dommage.
 
La réflexion m’a amené à me questionner sur ma vision des objets. Est-ce que finalement, les objets sont importants pour moi ? Après analyse, je dois admettre que certains le sont quand même un peu et donc, que je dois continuer mon cheminement pour me défaire de leur attachement. En résumé, je ne veux pas perdre mes photos et mes carnets de voyage. Pour les photos, c’est numérisé et infonuagique. On n’est jamais à l’abris totalement, mais le risque est faible. Pour les carnets, j’avoue que je les garde en analogue et que c’est l’essence même de l’intention. Si la maison brûle, ils vont brûler avec. Certains détails seront détruits pour toujours, mais l’impact des émotions vécues a déjà sculpté la personne que je suis. Comme le jonc de grand-papa, leur effet a déjà eu lieu et l’objet physique n’est qu’une réminiscence. Je choisis de me bâtir un bagage d’émotions, d’amour, d’aventures, d’expériences et de projets. C’est bien plus léger à porter qu’un sac rempli de vieux objets qui peuvent prendre l’eau.
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<![CDATA[Optimisme au temps de l’incertitude]]>Sat, 07 May 2022 17:35:01 GMThttp://nicdumesnil.com/blog/optimisme-au-temps-de-lincertitudeJe vais être franc, j’écris ce texte en n’ayant pas toutes les réponses. Ce que je sais, c’est qu’à chaque fois que j’ouvre le fil de l’actualité sur mon téléphone tard le soir avant d’aller me coucher, je sens une sorte de découragement que je ne sais pas soulager. Ce que je réalise aussi, c’est que ce sentiment s’intensifie graduellement depuis quelques années. Au début, c’étaient seulement quelques onces d’amertume, mais tranquillement, invariablement, l’inconfort s’est alourdi. Je suppose qu’il faut savoir le nommer pour pouvoir le guérir. Je me dis aussi que je ne dois pas être le seul. Alors voici mon constat du monde dans lequel nous vivons.
 
J’ai toujours été d’un tempérament optimiste. Prudent, certes, mais optimiste. Mais je ne suis pas immuable au supplice de la goutte d’eau. Chaque jour, comme un titillement qu’on croit anodin au début, mais qui ne se termine jamais, je vois la désinformation, je vois la non-reconnaissance de la science, je vois du racisme, du sexisme, de la haine, du déni climatique, de la guerre, des menaces de récession, des attaques aux libertés des femmes. Soupoudrez deux années de pandémie avec son lot de stress, d’incertitudes et de tragédies et vous obtenez un 2022 avec des gens fatigués, blasés, désabusés. Alors comment rester enthousiaste ? En faisant fi de tout cela ? Vous y arrivez ? Moi, j’ai de la difficulté. Je pensais pouvoir protéger ma bulle de verre de toutes les vagues, mais la guerre a sonné le glas. Je voulais tellement penser que l’être humain était capable de plus. Capable de quelque chose de plus grand que la perfide vanité et l’attirance du pouvoir. Pourtant, l’actualité s’entête à tenter de me faire croire le contraire.
 
J’ai fait l’exercice. Je me suis dit que j’allais relativiser dans le temps, que c’est peut-être juste circonstanciel. Puis j’ai pensé aux croisades, à la colonisation, aux génocides des Premières Nations, à celui des Tutsis, aux Khmer Rouges, aux enfants-soldats, aux deux Grandes Guerres, à l’apartheid, à la ségrégation des USA, à l’Afghanistan, à la Somalie, au RDC, à la Corée du Nord, à la Grande Marche de Mao… La liste pourrait continuer pendant encore très longtemps, mais je vais arrêter ici pour vous épargner. Je pense aussi que vous comprenez. Pourtant, malgré toute ces évidences, certains dirigeants actuels n’ont apparemment pas retenu les leçons de l’histoire. Je suppose que le pouvoir donne parfois une vision de la réalité que je ne peux comprendre.
 
Alors quoi faire ? Se concentrer sur une échelle plus petite, plus régionale ? J’ai la chance absolument immense de vivre dans un pays où il ne pleut ni bombes ni oppression, pourtant la complaisance reviendrait à se mentir à soi-même. À grand coup de commentaires déraisonnables, de déni des faits, d’atténuation des erreurs du passé, de recherche d’appartenance par les réseaux sociaux et de revendications irréfléchies, on avance comme société. Je pense néanmoins qu’il ne faut pas se tromper : Il est facile de mélanger tous les sujets pour créer un produit toxique et radioactif, mais il ne faut pas oublier que ce qui est récent, ce ne sont pas les gens s’inventant leurs propres faits. Ce qui est nouveaux, c’est que les plateformes publiques leur donnent un mégaphone. Le problème ? On entend la minorité qui hurle et non la très grande majorité qui se sent profondément malaisé par le radicalisme des pensées.
Maintenant que c’est énoncé, on fait quoi ? Où trouver du réconfort dans toute ces incertitudes ? On déclare forfait, puis on essaie de coloniser Mars au lieu de régler la situation sur notre unique planète ? Je laisse cette idée à l’élitisme excentrique.
Je vous partage quelques pistes plus réalistes qui, je crois, ne sont pas des baumes temporaires, mais bien des façons de se reconstruire et de se rappeler de tout ce qui est beau et bon.
Trois mots pour régler tous les maux, ou presque : Espoir, appréciation et amour.
 
Je me méfie de l’espoir quand il s’agit de vœux pieux ou de pensées creuses. Espérer un changement de situation alors qu’on ne fait rien pour y contribuer ne me donne pas le confort que je recherche. J’espère évidemment que le conflit en Ukraine arrêtera, que la covid sera contenue, que la famine dans la corne de l’Afrique sera stoppée, que les droits seront égaux pour tous les humains et que le réchauffement climatique sera ralenti, mais ces souhaits ne m’aident pas à me sentir mieux. Sans action, l’espoir est vain. Quelles sont vos manières d’intervenir ? Ça m’interpelle. Dites-moi, s’il vous plait. L’inspiration venant des actions est un réel vecteur de changement.
 
L’appréciation est une autre piste que j’explore pour remonter mon niveau d’énergie. L’appréciation des bons moments passés, l’appréciations des choses simples, pures même. L’appréciation de la beauté de la planète, de la splendeur des arts, des couleurs et des saveurs. On vie sur du temps emprunté. Ne pas en profiter serait terriblement dommage. La bonne nouvelle ? Si vous lisez ce texte, c’est qu’il n’est pas trop tard.
 
S’il y a bien un fondement humain qui devrait être universel, c’est l’amour. L’amour infini de nos enfants, mais aussi de toutes les personnes chères autour de nous. L’amour de la planète aussi. Elle en a bien besoin. Je ne sais comment écrire une poésie assez forte pour bien décrire l’amour. Je ne sais pas expliquer toutes ses nuances, ses subtilités et son infini pouvoir alors je vous laisse vous construire votre propre définition. Tout ce que je vous souhaite, c’est qu’elle transcende la couleur de la peau, le pays d’origine, le sexe, la religion, l’orientation ou la vision politique. L’amour et la compassion subliment les faiblesses humaines.
 
Tout cela est un travail en cours. Parfois, je suis fatigué, comme vous tous. Alors je me rappelle ces trois mots et je cherche comment je peux participer activement à avoir un impact positif, parce que je me dis que si tout le monde faisait cela, alors beaucoup de situations infiniment tristes seraient bien différentes. C’est petit, mais c’est ma façon d’avoir de l’espoir par mes actions.
 
Avec tout mon amour,
Nic
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<![CDATA[Une histoire de définitions...]]>Fri, 03 Dec 2021 01:23:21 GMThttp://nicdumesnil.com/blog/une-histoire-de-definitionsUne Histoire de Définitions
 
Il y a déjà trop longtemps, dans un passé dont je n’ai maintenant que des souvenirs, j’ai vu une affiche qui m’avais marqué. J’étais au nord de la Thaïlande dans un voyage initiatique et introspectif. J’étais à la recherche de moi-même, dans le but avoué d’en créer une édition meilleure et améliorée. Je m’en souviens encore très bien. Il faisait chaud, c’était humide. J’étais à l’entrée d’une guesthouse un peu défraichie, mais remplie de gens vivant la meilleure version d’eux-mêmes. J’étais libre. J’étais heureux.
 
Ce n’était pas mon premier voyage, mais celui-là était différent. J’avais fait les étapes classiques de la découverte du jeune adulte : D’abord l’Ouest, puis l’Europe, puis l’Asie. Je pensais être un voyageur aguerri. Je pensais être en terrain de connaissance. Ce que je n’avais pas prévu, c’était l’intensité des émotions et des sentiments que j’allais vivre. Je n’ai jamais vu venir l’importance de ce voyage dans ma vie. Pour le dire simplement, le Nic qui est parti avec son gros sac à dos est revenu avec des cheveux bouclés trop longs, quelques kilogrammes en moins, le teint bronzé, mais surtout, avec une nouvelle compréhension du bonheur.
 
Une des notions les plus importantes que j’ai apprises durant cette aventure vient justement de cette affiche. Ce n’est pas rien : 15 ans plus tard, je m’en souviens encore. Ce qui est aussi rassurant, c’est que malgré les rides et les nuits courtes de ma nouvelle réalité, j’ai appris que la phrase est dynamique. Elle évolue, comme nous. Et cela est réconfortant.
 
Comme beaucoup de gens après un été magique, je suis revenu au pays avec le désir de partager, d’échanger et de débattre. Je suis revenu avec pleins de bonne volonté, mais après le souper festif célébrant le retour, la réalité quotidienne m’a vite rattrapé. Je me disais que je pouvais au moins me réfugier dans ma tête pour me rappeler à quel point ce que j’avais vécu était spécial, mais le métro-boulot-dodo est comme une ombre noire qui avance sans relâche pour dévorer tout sur son chemin.
 
Quelques années plus tard, après m’être fait avaler par la bête, j’ai eu une opportunité unique. Celle d’aller vivre en Guinée. Pas en voyage temporaire. Pas pour un an non plus. Je devais prendre ma vie, la mettre dans quelques boîtes, puis la déballer en Afrique. Évidemment, ça donnait le vertige, mais l’appel du large était trop fort. Ce serait aussi ma façon de m’évader de l’emprise de la routine. Tout était aligné, je devais saisir le moment. Bye bye, microscopique appartement du Plateau-Mont-Royal.
 
Le temps m’a prouvé que c’est une donnée relative. Après 6 mois, j’avais l’impression que je venais tout juste d’arriver. Il y avait encore tellement d’inconnus, tellement de variables. Après un an, j’avais l’impression que j’avais à peine trouvé mon rythme. Après 2 ans, j’ai réalisé que j’étais de plus en plus en terrain connu. En quelque part pendant la 3e année, la métamorphose s’est produite. J’étais revenu brièvement au Québec pour voir les amis et la famille, mais je ne me sentais pas chez moi. Pas à ce moment-là. Peut-être plus tard, mais pas là. J’étais un visiteur comme les autres. Un visage inconnu dans une marée de gens. Comme si la réalité des lieux ne s’appliquait pas à moi. Parce que mon monde était de l’autre côté de l’Atlantique. C’était inutile de tenter de l’expliquer. Il n’y avait que ma famille d’amis de Kamsar qui pouvait saisir comment je me sentais. C’était à eux que j’avais envie de tout raconter. Eux sauraient. Eux, comprendraient. Pas ceux qui me demandaient génériquement : C’est comment, là-bas ?
 
C’est à ce moment que j’ai réalisé que ma maison n’était pas un point géographique fixe. Ma maison, c’était – et c’est toujours – un refuge, un endroit où je suis bien, où je suis en sécurité. Ce ne sont pas des briques, du bois et du mortier. C’est un état d’esprit et c’est surtout un endroit où je suis avec des gens que j’aime. C’est un endroit où j’ai une voix et où j’ai le bonheur d’écouter celle des autres. C’est un havre, c’est un refuge mental. C’est un endroit pour créer des souvenirs. C’est un endroit pour grandir, un endroit pour apprendre. D’où on vient n’est pas important. Où on va non plus. L’affiche n’avait pas menti :

''Home is not where you live, but where they understand you.''
                                                                                              - Christian Morgenstern 

​Le fleuve a suivi son cours et ma transformation en Afrique de l’Ouest a connu son dernier chapitre. Refaire mes valises pour quitter ma famille guinéenne aura été un des moments les plus difficiles de ma vie. Quand j’étais parti de Montréal, c’était en sachant que j’allais revenir et que j’allais retrouver des gens que j’aime et qui m’aiment. Quand je suis parti de la Guinée, c’était des adieux. On veut se faire croire qu’on peut toujours revenir, mais on sait que c’est bien possible que ça n’arrive jamais. Je savais aussi que je pleurais la fin d’une étape fantastique de ma vie. C’était comme si on m’arrachait une partie de mon cœur parce qu’il devait rester pour apprécier les couchers de soleils et la saison des pluies. Il devait rester pour les aventures en brousse, les soirées de scotch et les enfants de Siboty. Il devait rester pour toujours me rappeler que ma maison n’était pas la bâtisse F12, mais bien mes sentiments pendant ces moments précieux.
J’ai eu besoin de beaucoup de temps pour retrouver une nouvelle maison. J’ai erré quelques mois en citoyen du monde, concentré sur mes objectifs personnels, mais en même temps à la dérive dans ma tête. Cette fois-ci, ça aura été l’amour qui m’aura montré le chemin de mon nouveau bercail. Notre petit appartement sur Frontenac n’aura été qu’une place pour entreposer mes valises poussiéreuses : Notre histoire promettait déjà de s’écrire sur plusieurs pages et une maison pouvant accueillir des petits êtres devait être trouvée.
 
La venue de mes enfants quelques années plus tard m’a donné une toute nouvelle perspective sur la notion de maison. Je comprends maintenant pourquoi on parle d’un foyer. C’est une question de chaleur et de bien-être. C’est réconfortant et c’est agréable. C’est ce qu’une maison devrait être.
Je m’efforce donc maintenant d’inculquer ces sentiments à mes enfants. Je veux qu’ils soient infiniment bien parce qu’ils sont aimés et compris, mais je serai aussi heureux qu’en temps et lieux, ils partent chercher leur vérité et leur propre version du bonheur. Je veux qu’ils sachent qu’ils possèdent toujours une maison avec leurs parents, mais je les invite aussi à aller se réinventer et à établir leurs propres définitions, de Conakry à Chiang Mai.
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<![CDATA[2019 en livres]]>Mon, 20 Jul 2020 00:56:00 GMThttp://nicdumesnil.com/blog/2019-en-livresPour ce blog post, je me suis dit que j’allais essayer une nouvelle expérience.
 
Fait observé : J’ai lu et écouté des livres en 2019.
 
Hypothèse : Si je n’ai pas de points retenus après 6 mois ou plus, c’est que le livre ne m’a pas marqué. Ça m’a peut-être diverti, mais pas à l’encre indélébile.
 
Méthode : J’ai attendu quelques mois après la fin de 2019 pour écrire mes premières notes et impressions, ainsi que mes ‘key takeaways’. La démarche est hautement scientifique. J’attends ma nomination pour un Pulitzer pour la qualité de mon travail.
 
Je vous donne même mon top 3 en début de texte pour ceux qui n'aime pas assez lire pour se rendre jusqu'au bout de ce billet de blog:

Bronze: Educated.
Argent: The Courage To Be Disliked.
Or: Principles.

Here we go…
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Extreme Ownership, de Jocko Willink, Leif Babin, et al. :
Excellent livre. Recommandé en audiobook parce que lu par les Navy Seals qui ont vraiment vécu les événements. C’est un livre que je conseille souvent à mes amis qui ne lisent pas fréquemment parce qu’il est relativement court et qu’il y a beaucoup d’action.
 
Key takeways :
Prioritize and Execute : Comment rester concentré quand on est surmenés.
Discipline equals freedom : Avec de la discipline, on peut reprendre le contrôle sur beaucoup de facettes de notre vie et donc, trouver de la liberté.
Cover and move : Sortir au milieu d’un champ exposé en situation de guerre n’est pas la meilleure stratégie. Rester sur place n’est pas la solution non plus. À la guerre comme dans la vie.

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Shoe Dog, de Phil Knight :
La vie du fondateur de Nike. Une histoire captivante pour les gens intéressés au milieu des affaires. Nike aurait pu faire faillite ou ne jamais exister/survivre une bonne dizaine de fois, pourtant elle est là.
 
Key takeaways :
Il faut travailler pour ses projets, même quand on a des embûches. Ça prend du guts, mais aussi du savoir-faire et beaucoup, beaucoup de travail. Aussi, construire une entreprise, c’est une chose. Construire une entreprise de façon intelligente pour se donner les chances qu’elle explose, c’est autre chose.

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Principles, de Ray Dalio :
Ray Dalio a fondé Bridgewater & associates, un des fonds d’investissement les plus important de la planète. Il explique dans ce chef-d’œuvre qu’il y a 3 étapes dans la vie : La 1er où on apprend, la 2e ou on exécute, puis la 3e où on passe notre savoir. Il est rendu à la 3e et écrit dans ce livre sa vision, ses principes de vie et d’entreprise ainsi que des exemples concrets. Un livre absolument à lire et à relire, mais qui se lis à petite dose, un principe à la fois.
 
Key takeaways :
Ils sont nombreux. Il y a les moyens de communication dans une entreprise (radical truth). Il y a la courbe de l’apprentissage (goal, failiure, lessons learned, higher goal). Il y a le choix entre être confortable ou changer les choses. Il y a le travail à faire pour réaliser son projet. Il y en a beaucoup d’autres. Ah, et discipline, discipline, discipline. 

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Educated, de Tara Westover :
Livre auto-biographique particulièrement bien écrit. C’est l’histoire d’une fille d’une comunauté mormone survivaliste qui apprend à lire et à écrire par elle-même. Ses études (en quittant la maison) l’amènent dans les plus grandes universités du monde, mais plus elle s’instruit, plus elle s’éloigne de sa famille.
 
Key takeaways :
Ma vie n’est pas si compliquée, dans le fond. Et surtout, je n’ai pas le droit d’être paresseux ou de me dire que les cartes sont contre moi. Parce qu’elles sont nettement plus en défaveur de l’auteure et qu’elle a tirée son épingle du jeu, même si ce ne fut pas sans conséquences. 

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Au cœur des Ténèbres, de Joseph Conrad :
Récit classique de l’époque heureusement révolue de la colonisation de l’Afrique sub-saharienne. C’est l’histoire d’un étranger qui remonte un fleuve pour aller trouver un commandant de bateau, mais surtout pour aller se trouver lui-même.
 

​Key takeaways :

La colonisation est une terrible catastrophe dont nous gardons le devoir de mémoire. 

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Courir au bon Rythme, de Jean-Yves Cloutier et Michel Gauthier :
Comment bien courir. C’est simple, facile à lire et à comprendre. Un livre du Québec.
 



Key takeaways :

Je dois arrêter de courir tout le temps à fond de train. Un bon entrainement est structuré (pas fait au hasard) et pour progresser, on doit courir au moins 3 fois par semaine. Je l’ai fait l’été dernier et j’ai obtenu mon meilleur temps sur 5km et sur 21km.

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21 lessons for the 21st century, de Yuval Noah Harari :
3e livre de la série (après Sapiens et Homo Deus). Le livre se présente comme une liste de points importants à garder en tête pour utiliser le passer pour mieux bâtir le futur, allant de l’environnement à la vie privée et en passant par l’automatisation.
 

Key takeaways :

Il faut agir en tant qu’humain pour faire avancer les causes qui sont importantes. Aussi, en tant qu’individu, nous avons des responsabilités pour pouvoir naviguer dans ce monde qui change plus vite qu’on ne veut le croire.

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Good to Great, de Jim Collins :
Livre acclamé par la critique. C’est l’étude (extensive) de ce qui fait qu’une entreprise passe d’une bonne entreprise à une excellente entreprise. Très intéressant, du début à la fin.
 


​Key takeaways :

Certains points des entreprises qui réussissent sur le long terme sont récurrents et on peut bénéficier de les connaître (incluant le leadership, le ‘first who, then what’, l’importance de la discipline et le flywheel effect). 

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The Courage to Be Disliked, de Fumitake Koga, Ichiro Kishimi, et al. :
Une discussion philosophique entre un maître et son élève, qui couvre les théories adlériennes. Une excellente lecture, mais qui se découvre un peu à la fois (par la lourdeur du texte et par la quantité de réflexions personnelles que cela demande).
 

​Key takeaways :

Un ‘eye-opener’ sur la définition du bonheur et de sa propre personnalité. En gros, c’est l’idée que la totalité de qui nous somme est selon ce qu’on veut vraiment être et non ce qu’on a vécu (le contraire de Freud). La vérité se trouve probablement entre les deux, mais de s’ouvrir à cette idée permet de revisiter sa vision des choses.

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Anti Fragile, de Nassim Nicholas Taleb :
Le livre est un du populaire Nassim Nicholas Taleb, qui a écrit plusieurs best-sellers. Il visite (parfois avec arrogance, mais avec appuis) la notion qu’il manque un mot dans le dictionnaire : La résilience, c’est le fait de rester fort dans l’adversité. L’anti-fragile, c’est ce qui devient plus fort dans l’adversité.
 
Key takeaways :
Excellent concept qu’est le fait de devenir plus fort quand on vie des difficultés. C’est aussi le fait de trouver une façon de devenir plus fort malgré le désordre et le chaos, ce qui est toujours une belle façon de cheminer personnellement.

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Never Split the Difference, de Chris Voss :
Du bon divertissement et facile d’accrocher. C’est un ex-négociateur en chef du FBI pour les prises d’otage. C’est un des livres que je recommande le plus pour quelqu’un qui ne lit pas beaucoup (il y a une bonne dose d’action et c’est assez court).
 

Key takeaways :

Beaucoup de points à garder (et que j’ai utilisé dans ma vie de tous les jours), comme le fait de laisser les autres parler, sur comment négocier au travail et dans la vie et sur le fait que de négocier avec un patron, un terroriste ou son enfant de 7 ans, c’est la même chose : on parle avec quelqu’un d’irrationnel qui veut quelque chose. 

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Let my People Go Surfing, de Yvon Chouinard, Naomi Klein, et al. :
C’est l’histoire d’Yvon Chouinard, le fondateur de Patagonia. Il y présente sa vision de la vie, mais surtout celle de l’entreprise (qu’il voit être responsable et écologique). En gros, il mentionne qu’il veut avoir l’impact positif le plus important possible sur la Terre et que d’avoir son entreprise est la meilleure façon pour lui.
 
Key takeaways :
C’est possible d’avoir une entreprise qui respecte réellement ses employés. C’est possible aussi de bâtir quelque chose de solide et d’avoir un impact durable sur l’environnement. Ça prend de la vision et des gens engagés. 

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The Talent Code, de Daniel Coyle, John Farrell, et al. :
Est-ce que le talent est inné ou acquis? Et dans quelle mesure? Le livre explore les différentes avenues. Ça se lit bien avant/après Outliars de Malcolm Gladwell. La règle du 10,000 hours y est documentée, mais aussi la progression autant dans un sport que dans son cerveau.
 

​Key takeaways :

Il y a une notion de capacité de base, mais quelqu’un qui travaille fort va toujours battre quelqu’un qui a seulement un talent inné. Les conditions de réussite aux plus hauts niveaux ont une composante des 2 (principalement dans le sport), mais vient principalement du travail. Pour ce qui est du cerveau, à partir d’un niveau de ‘smart enough’, c’est seulement une question de travail de qualité. No excuses! 

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The Power of Habit, de Charles Duhigg, MIke Chamberlain, et al. :
Un livre un peu plus ‘générique’, mais qui propose l’importance des habitudes (autant comme étant quelque chose qui peut être positif que comme quelque chose qui nuit à notre croissance personnelle).
 

​Key takeaways :

L’importance des habitudes est primordiale et de comprendre comment elles sont créées permet de mieux les organiser. Les ‘triggers’ pour les habitudes sont essentiels (tout comme les récompenses) alors pourquoi ne pas organiser son cerveau pour se donner les meilleures chances que les bonnes habitudes restent et que les mauvaises partent?

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The Dichotomy of Leadership, de Jocko Willink, Leif Babin, et al. :
C’est la suite du best seller Extreme Ownership. Les auteurs y revisitent les concepts du premier livre, mais en plus grande profondeur. Ils explorent surtout les facettes souvent opposées du leadership, toujours par des exemples du champ de bataille, mais aussi par des exemples d’entreprises.
 
Key takeways :
L’importance de la modération dans les interactions. Le livre a de bons points, mais les concepts auraient pu être intégrés ans le premier. Il reste néanmoins que c’est un livre intéressant qui montre qu’il y a toujours plusieurs côtés à une situation et que de balancer les différentes options est la seule façon de prendre une décision éclairée. 

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<![CDATA[The Pursuit of Happiness]]>Tue, 19 Mar 2019 00:45:55 GMThttp://nicdumesnil.com/blog/the-pursuit-of-happinessNo fuss, no esoteric theories. Only a rational point of view.
Great news. It took me quite some time to figure it out, but I finally found what makes life worth living for. Don’t get me wrong here: I never for one second questioned if life is worth it, but I spent a lot of time reading and questioning myself about the actual reasons. If the pursuit to happiness is the key, then how do we pursue it? What are the components?
I read dozens of books on the subject, listened to podcasts, travelled and exchanged with people from different cultures and horizons. I distilled a near-death experience, I saw a human life begin and I saw another one end. Here’s the first disclaimer: These experiences were eye opening, but they do not make me a professional on the subject matter. I am merely a guy sharing his thoughts on an ever-redefining quest.  
 
Another disclaimer: I will not diverge and explore eluding, mystifying hypothesis. Views, may they be religious or from other sources, are within each person and I see them as tools to help one progress. They are means to an end. If your beliefs help you evolve in a positive way, challenging the thoughts is pointless.
 
…and a last one: I do believe that it’s merely impossible to find lasting happiness and find your life’s purpose when your basic needs are not met. By basic needs, I’m referring to Maslow’s first 2 steps, them being physiological needs (food, water, warmth) and safety needs (security). I have the great luck of not being deprived of these so it’s hard for me to estimate how difficult such situation can be. I think you can’t focus on your life purpose when you are in a survival mode. You can hope, you can dream, you can temporarily project yourself in better environments, but the reality of things makes you a survivor of the present moment more than anything else. Again, I don’t know, and these are only thoughts.
 
I will try here to summarize in a plain, direct, rational way something that can be studied and explored for a lifetime (and, when you think about it, it’s been questioned during the last +5,000 years). Not a small task, thus it will surely be incomplete. Please feel free to make the most of it and to adapt it to your life. I also think that these key points are a work in progress. We may not have everything now. We may not know the answer to all the questions. Truth is, there are moments of our life when we may actually not be happy. The good part happiness thought is that it’s an evolving thing and it can be modelled and build over time. Not being happy at a moment is not important as long as we keep on progressing, one small step at a time.
 
Without further due, I now present to you the ingredients to a fulfilled life. 

Step 1: Meaningful Relationships

A Harvard study lasting over 80 years (one of the world’s longest study of adult life) pointed out that the primary key metric to consider when searching for happiness is having meaningful relationships. This factor was proven to be preponderant to IQ, social class and even genes.
 
I find that through the links and connexions that we forge over time with one another, we develop our feel of care and empathy, our social support net and our sense of belonging (belonging with people who resemble to our inner, deeper, real self (with our values, our principles, our qualities and our flaws)). The best part when the relationship really is meaningful is that this goes both ways. Not only do we care and love, but we are also cared for and loved as we are.
 
Through love, we can not only overcome social isolation, but we can tighten the social bonds that make us stronger. Loneliness is a silent killer and is one of society’s greater threat. That is why family, friendships and loving relationships are to be valued at the highest level. Of course, it’s not always happy and merry, but positive, meaningful relationships nonetheless constitute an important part of the bricks and mortar needed to build a happy life.

Step 2: Well Lived Emotions and Moments

Having the right mind set at the right moment changes everything. Being connected to our feelings enables us to remove a protective layer and to absorb experiences fully. I for one am very open and willing to fully live positive emotions and seize every moment, but I struggle quite a bit more with the negative ones. This defense mechanism is like the reflex of automatically stopping a leg movement when your knee has been injured. You don’t really know if your knee will hurt again, but your brain blocks the motion before confirming. Emotions are the same. And they too need physiotherapy and rehabilitation.
 
In our busy life, we tend to over-complicate situations. Simplifying our life allows for the mindset to be at the right place and at the right time. Once that is aligned, we are to appreciate and absorb everything we can get out of a feeling. Getting to the root of an emotion enables us to mold it into this positive force that will make us grow.
 
I am also combining emotions and moments in the same category because they are intrinsically related. A moment well lived will trigger the right emotions, and that will create opportunities for what really matters: Lasting memories and the nurturing of happiness. As said in a classic movie from the 2000’: “I still believe in paradise. But now at least I know it's not some place you can look for. Because it's not where you go. It's how you feel for a moment in your life when you're a part of something. And if you find that moment... It lasts forever.”

Step 3: Sense of Purpose, of Meaning (the Why)

This category is broad and can cover many facets of life. Finding one’s meaning can easily seem like a very daunting thing. Where do we even start? What really is important? Your legacy? Your personal success? Your comfort? Your fulfillment? Your self-esteem? Your sense of belonging? A life well lived? Your transcendence?  To make it even more of a moving target, these higher goals change over time and over experiences lived. So, where to start?
 
In the brilliant book by Viktor E. Frankl Man Search for Meaning, this psychiatrist that lived through the concentration camps of WW2 questions why some people keep the will to live even though they are experiencing the most inhuman conditions imaginable. Some of the avenues he explores include hopes for better days, holding on to the idea that your family is safe and alive and the will to survive being stronger than anything else. If someone living through the most degrading and sadistic conditions can find the will to survive, I think we may not have all identified our own reasons, but it’s clear that they exist.
 
I don’t think you need children to have a sense of purpose, but for many people, it very clearly provides a reason to strive and to keep looking for happiness. A mistake here would be to take the approach of thinking: Oh, I wanted to have kids but didn’t so I can’t be truly happy. You can still find yourself when others don’t. You can still make a difference (if it’s what you strive for). You can still be comfortable. You can still……. See the point?
 
Finding happiness is a work in progress. It’s a never-ending quest. But what if you don’t know that actual aim? It’s easy to feel uncomfortable when we don’t know what our life purpose is, but this guilt adds weight on our shoulders instead of helping to elevate ourselves.
Self-doubt blurs our image and prevent us from focusing on what really matters. We want the answer now and we want it to be clear, but it’s not how it works. It’s a lifetime of work to find self-actualization. As put by Tony Robbins though: ‘We always overestimate what we can do in a year and under estimate what we can achieve in 10 years’. Identifying the broad direction of the ship seems like a logical first step. The waves, the wind, the tides, the stars, the crew, the visibility, the vision, the direction will change – and it’s okay. Just remember Henley’s poem: ‘I am the master of my fate, I am the captain of my soul’.

Step 4: Being Grateful

The fourth and final ingredient to life’s purpose if being grateful. Appreciating life, in it’s difficulty and it’s beauty is a key component of being happy. Every single person I know has opportunities that others are wishing – or praying – for everyday. A perfect life only materializes in delusions created by false impressions and social media. Everyone is fighting battles. Period, end of the story. Appreciating the little things of life in their simplicity makes all the difference. It also makes you stronger for the rainy days.
 
I, like everyone else, have to remind myself of these components because it’s easy to get stuck in the turmoil of life and it’s easy to forget that we are actually brush stroking a bigger, broader painting. This painting will be imperfect, sure, but it’s what will make it unique and beautiful.
 
Just like training for a sport: You don’t see material change every time you practice, but through motivation, hard work, persistence, resilience, and over time, you can achieve greatness. Not by a medal for you to brag about, but rather greatness through self-actualization and life appreciation. THAT is the real pursuit of happiness.
 
 
 
https://news.harvard.edu/gazette/story/2017/04/over-nearly-80-years-harvard-study-has-been-showing-how-to-live-a-healthy-and-happy-life/
https://www.imdb.com/title/tt0163978/?ref_=tt_ch
https://www.simplypsychology.org/maslow.html
https://en.wikipedia.org/wiki/Man%27s_Search_for_Meaning
https://www.inc.com/john-rampton/20-life-changing-quotes-by-tony-robbins.html
https://www.poetryfoundation.org/poems/51642/invictus

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<![CDATA[Le Maroc, la suite...]]>Fri, 07 Apr 2017 01:15:50 GMThttp://nicdumesnil.com/blog/le-maroc-la-suiteJe réalise que le temps passe. Les journée s'enfilent. Les semaines aussi. Puis les mois... Finalement, les projets aussi s'accumulent. Mon intention de présenter le Maroc une histoire à la fois manque d'attention. Ayant néanmoins envie de partager les clichés du voyage, je me permet donc de changer mon objectif et de simplement afficher mes photos. Et si, pour la suite des choses, c'était le visiteur de la page qui s'imaginait l'histoire qui pourrait accompagner chaque photo?

Chaque photo est un diaporama. Cliquez pour voir les autres!


Commençons par les montagnes...
Puis les kasbahs traditionnelles...
Quelques temps passés à Marrakech et dans les environs...
Quelques gens qui ont marqué notre chemin...
Et pour finir, le grand Sahara...
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<![CDATA[Le retour d'expatriation]]>Tue, 07 Feb 2017 03:05:19 GMThttp://nicdumesnil.com/blog/le-retour-dexpatriationIl y a déjà plus de deux ans, je quittais la Guinée. J’avais passé près de quatre années de ma vie à apprendre à vivre le quotidien d’une journée en Afrique en ayant élu comme domicile la maison F-12, sur une rue sans nom, dans un pays que trop peu de gens peuvent placer sur une carte.

Évidemment, dire au revoir à mon vaillant chien Sobaka et à mes amis devait se faire avec un peu de peine, mais d’être orienté vers un retour à la maison et de beaux projets devaient compenser pour cela, non? Fini les difficultés, c’est le retour au bercail. Si seulement c’était si simple...
Mon retour d’expatriation a été, sans aucune hésitation, un des moments les plus difficiles de ma vie. Évidemment, il y avait la joie de retrouver ma famille que j’adore et de revoir mes proches qui m’ont manqué. Tout devait être facile...

​En plus, je partais après avoir pris la décision de partir. Un luxe que tant d’expats autour de moi n’avaient pas eu. La tête haute. Le dos droit. Ne pas regarder en arrière. Mission accomplie.
Pourtant, quand l’avion a quitté le sol de Conakry et que les lumières blafardes et jaunâtres de la capitale mal éclairée se sont éloignées de mon hublot, je me suis senti m’enfoncer dans mon siège. Un énorme vertige m’a pris. J’avais chaud, mon souffle était court. Ne panique pas, Nic. Reste calme. Tout va être correct. Respire.
 
Plus de deux ans ont passé et ce sentiment est encore vif. Je me souviens de chaque seconde. Entre ciel et terre. Entre deux mondes. Entre deux réalités. Au moins, avec le temps qui passe, la poussière retombe. Je réalise que pour la première fois en 2 ans, j’ai réussi à identifier et à comprendre mes émotions vécues.
 
 C’est un sujet très peu documenté, presque tabou. Il est néanmoins partagé par la grande majorité des expatriés. Peut-être parce qu’on n’a pas le droit de sentir autre chose que du bonheur de revoir notre famille? Peut-être parce qu’on ne parle que de l’expérience de partir et jamais de celle de revenir?
 
Décortication des réalités d’un retour d’expatriation. Une humble liste de mes constats. Peut-être pour aider un expatrié à se faire réconforter dans son sentiment de solitude devant ses émotions vécues. Peut-être aussi pour que je puisse enfin coucher sur papier ce pour quoi j’ai eu tant besoin de temps pour comprendre. Émotions en 4 temps.

La maison, ce n’est pas où tu vis, c’est où l’on te comprend

L’expatriation est une expérience incroyablement intense. Particulièrement dans un pays profondément différent de notre origine. Les chocs culturels sont plus que fréquents : ils sont quotidiens. Mais un choc culturel vient de la résistance au changement. Alors je ne me rebute pas devant les différences. Je prends des notes, j’apprends, je profite de l’expérience. C’était ma réalité de tous les jours en Guinée.

Puis le temps passe. Et passe. Et passe. Les jours s’enchainent. Les semaines aussi. Puis les mois. Puis les années. Je suis dans un univers tellement différent, mais qui, avec le temps, devient de plus en plus familier. Je l’apprivoise. Il m’apprivoise. Avec le temps qui passe, je me sens de moins en moins ‘chez moi’ au Canada et de plus en plus chez moi en Guinée. Quand j’arrive à F-12 et que Sobaka m’accueille, je me dis ‘home sweet home’.

Puis il y a les amis en Guinée. Mes amis guinéens et mes amis expats. Les amis guinéens qui m’apprennent plus sur leur pays et leurs réalités que n’importe quel livre et n’importe quel documentaire. Tant de moments vécus. Tant d’apprentissages.
Puis les amis expats. Ce sont plus que des amis. Ce sont les seules personnes au monde qui comprennent tout mon quotidien, tous mes défis et toutes mes réalités. On se voit plusieurs fois par semaine. C’est intense. Très intense. Mais on a tellement besoin de partager l’immensité de ce qu’on vit et on est tellement heureux d’échanger avec des gens qui comprennent totalement nos émotions. On se tient entre nous. Support indéfectible des jours sombres. Parce que la vie d’expat est loin d’être toujours évidente. On se comprend et on s’apprécie à chaque minute qu’on passe ensemble, dans toute l’intensité que l’environnement impose.
 
Le fait de partir, c’est le fait de dire au revoir à ces gens que j’apprécie tellement et qui m’ont tellement fait progresser. Et ce n’est pas un au revoir de bon moment vécu pendant 1 semaine en vacances. Quand on quitte l’expatriation, on tourne une page d’un livre. Non, on finit un grand chapitre. Et on ne le revivra jamais. D’autres expériences, oui. De belles aventures, oui. Mais celle-là, jamais. Il fallait en profiter, c’est là que ça passait. Et d’avoir vécu correctement ces moments, c’est une des raisons qui me donnait l’impression qu’une partie de mon cœur se faisait arracher en tournant mon regard vers de nouveaux horizons.

Choc culturel inversé

Ça peut paraître étrange à lire, mais c’est la réalité. Le retour au bercail donne un énorme choc culturel. D’abord parce qu’on en vient souvent à idéaliser notre pays d’origine devant les difficultés d’une vie d’expat. De réaliser que c’est loin d’être parfait chez nous est un choc.

Encore plus important, le choc qui m’a frappé par son intensité, c’est à quel point l’effervescence du retour d’un expat s’essouffle rapidement. J’arrive avec tellement d’expériences vécues que si je les racontais même à moitié, on ne me croirait pas. On me dit : tu devrais écrire un livre. Ma réponse : les lecteurs penseraient que c’est inventé.

​Je me retrouve dans un pays que je croyais être le mien. Non, le mien c’était la Guinée. Mais non, c’est le Canada. Je suis confus. Je suis perdu. c.q.f.d.
J’ai réalisé que j’ai perdu mes repères. Dans mon propre pays! Le sentiment n’est pas du tout agréable. Puis on fait des soirées d’amis. Très agréable, mais… Mais on ne me pose pas les bonnes questions sur ma vie d’expatrié. Et de toute façon, c’est avec mes amis de là-bas que j’aurais envie d’en parler. Eux, ils comprennent. C’est vraiment sans rancune et j’étais hyper content de retrouver mes proches du pays, d’où la difficulté d’identifier le pourquoi de mes sentiments mitigés. Il m’aura fallu beaucoup de temps pour comprendre le pourquoi du comment. C’est normal après tout. La vie a continué. La vie continue.

Dépression. Vraiment?

Quand je suis parti du Canada, c’était un au revoir temporaire. J’allais revenir. Je disais ‘à plus tard’. Quand je suis parti de la Guinée, c’était de façon permanente. Est-ce que vous vous verriez quitter les gens que vous aimez et votre réalité actuelle pour ne jamais revenir et possiblement ne jamais revoir la majorité de vos amis qui restent ici? Quand un expatrié rentre au bercail, c’est ce qu’il vit. Évidemment, il y a des gens qui l’attendent et c’est réconfortant. Mais le sentiment est difficile à vivre.
 
Je pense que ce qui m’a sauvé, c’est que quand je suis parti de la Guinée, c’était pour aller vers de grands objectifs personnels. 6 mois de voyage et une expédition en haute montagne. Rien de moins. Et malgré cela, ça n’a pas été facile.

​C’est presque un sujet tabou, mais le retour de l’expatriation est, pour beaucoup, une porte ouverte sur la dépression. On peut penser que l’expatrié est isolé quand il est au loin. Je vous confirme que la réalité est qu’il se sent bien plus isolé à son retour. Évidemment, il y a des gens qui nous font oublier ce sentiment. Mais quand on revient, on a pas envie d’oublier ce sentiment. On veut en parler. Encore et encore. On recherche à vivre par procuration ce que nos amis restés sur place vivent. On reparle des anecdotes vécues. On est clairement à la recherche de quelque chose, mais ce n’est pas défini dans notre tête. Il y a trop de moments pour tout se rappeler. Avec le temps qui passe, on radote entre vieux expats. Ce n’est pas grave. C’est salvateur. Ça allège le cœur.

Deuil. Pour reposer en paix.

L’acceptation est la dernière étape d’un deuil. Oui, un deuil. Même dans le bonheur de retrouver sa famille et sa terre natale. Même en revoyant ses amis. Même avec la meilleure copine du monde. Parce qu’avec le temps qui passe, j’ai fini par accepter. Et vous savez ce qui m’a fait réaliser que j’étais enfin arrivé là (deux ans plus tard)? C’est quand je parlais la semaine dernière à mes grands amis expats qui sont encore à Kamsar. J’ai réalisé en raccrochant mon appel skype que je revois et repense à toutes nos folles aventures et que la nostalgie est toujours là, mais qu’elle est rendue une source de bonheur et non de souhait de revivre le passé. Il faudrait inventer un mot pour ce sentiment. Je suppose que c’est ce qu’on résume comme étant l’acceptation. C’est maintenant avec des pensées heureuses que je repense à tout cela. Ça m’aura juste pris 6 mois de voyage, une expédition à l’Everest, un emploi super stimulant, une copine, un neveu, 2 ans à Montréal et de réaliser que mes vrais amis sont toujours là, même après les années qui ont passé.
 
Alors c’est aussi ça, être expat. C’est tout ça. C’est le retour difficile et la nécessité de trouver un nouveau sens à sa vie. C’est de se réadapter à un nouvel environnement. C’est de vivre le cauchemar des démarches administratives/légales/bancaires pour redevenir un résident. C’est de réaliser que même malgré la réelle valeur de l’expérience sur le plan personnel et professionnel, peu d’entreprises lui accordent sa juste valeur. Mais c’est aussi de vivre des expériences exceptionnelles qui nous transforment pour toujours. Et tout ça, le beau comme le plus difficile, le départ comme le retour, est profondément positif.

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<![CDATA[Histoires du Maroc, Chapitre 1]]>Fri, 23 Dec 2016 22:25:39 GMThttp://nicdumesnil.com/blog/histoires-du-maroc-chapitre-1Et si cette histoire était narrée différemment? Et si l’inspiration était puisée des compteurs d’histoires des grandes places publiques marocaines? Leurs fantaisies sont écoutées par les badauds, curieux de se laisser transporter par des récits parfois fantastiques, parfois ludiques, mais faisant assurément vagabonder l’esprit.

​En quelques mots justes et choisis, ces artisans de l’imaginaire font transporter nos émotions vers des contrées fantastiques où se mélangent les émotions et les perceptions. Que l’histoire soit vérifiable ou pas n’a plus d’importance. Ce qui importe, c’est qu’elle fasse voyager.


1re Histoire

— Grand-père, l’autre jour, j’ai vu un grand cimetière. Je ne comprends pas. Pourquoi met-on les gens dans des tombeaux?
L’ainé regarde les grands yeux en bille du jeune curieux. Il reconnaît cette ouverture d’esprit qu’on perd trop souvent avec les années. Qu’il était bon le temps où la seule limite de l’esprit était la connaissance et non le jugement.
  • Dans la plupart des cultures, le repos du corps vient avec l’idée du repos éternel. Le lieu physique devient une place de recueillement pour les proches.
De participer à une conversation avec quelqu’un qui connaît les réponses cherchées est toujours un gage de génération de nouvelles interrogations.
  • Alors pourquoi est-ce que parfois la tombe est unique alors qu’à d’autres moments, il y en a des milliers? Il s’agit de gens importants?
Le vieil homme prend quelques secondes de plus pour réfléchir à la réponse. Il connaît évidemment l’explication, mais ne peut s’empêcher de se demander à quel type de sépulture il aura droit. S’il y a une chose qu’on apprend et qu’on réalise avec les années qui passent, c’est qu’on n’échappe pas à l’inéluctable.
  • C’est une façon pour certaines personnes de laisser un legs au futur. Certaines personnes le montrent par la richesse qu’ils ont. D’autres, par leurs actions commises. Notre pays a vu passer de grands hommes alors nous honorons leur mémoire avec des monuments.
  • Et toi, grand-père, tu auras une grande tombe?
Les enfants ne savent pas que certaines questions ne se posent pas. Après tout, les « questions qui ne se posent pas » est un concept inventé et appliqué uniquement par les adultes. Comme quoi la sagesse ne vient pas nécessairement avec l’âge.
L’homme regarde sa canne endommagée. Elle est comme lui. Elle est vieille et usée. Polie à la pointe, imparfaite dans sa conception, mais toujours solide. Elle n’est pas ornée de rubis ou d’or. Elle n’est pas faite d’ivoire. Elle est simple, mais efficace. Elle n’aura pas droit à un mausolée ou à des fontaines en mosaïque. Et ce n’est pas grave. Parce que son legs pour le futur est devant lui en attente d’une réponse à sa question.


2e Histoire

On m’a parlé d’un endroit unique, une place complètement différente de toutes les autres. On m’a parlé d’un lieu où même les couleurs des murs deviennent des aquarelles de couleur, dans un pays lointain où les trésors sont jalousement protégés.
 
Peu de gens savent vraiment localiser l’endroit. Ceux qui le peuvent hésitent souvent à en parler. Parce qu’un endroit aussi mystérieux ne se partage pas seulement en indiquant un point sur une carte. Vivre réellement l’expérience demande de s’y perdre. Il faut s’égarer volontairement, puis découvrir les méandres des couloirs étroits serpentants la ville. Chaque ruelle est une nouvelle découverte. Chaque virage offre une perspective différente. Comme dans la vie, finalement.
 
De voir défiler les gens, comme des ombres qui passent, puis disparaissent, fait aussi parti de l’exploration. On m’a dit qu’on a envie d’aller découvrir ces nombreux visages, mais que le caractère de l’endroit propose un apprentissage personnel, une véritable démarche d’introspection. Alors on ne peut qu’être curieux des différentes réalités vécues.
 
Les couleurs changent avec la journée qui passe. Ce canevas coloré est en continuel développement, en continuelle évolution. Les tons progressent comme les pensées du voyageur qui, dans ce labyrinthe de Dédale, délie ses pensées. Le fil d’Ariane est symbolique aussi.  
 
Vraiment, si un tel endroit existe, je ne suis pas certain que je voudrais le partager. J’ai l’impression que je ferais partie de ceux qui souhaitent garder le secret intact, parce que j’en serais devenu l’un des protecteurs.

3e Histoire

On parle d’artisanat, mais le mot qu’on devrait utiliser est art. Parce que dans cette ville immense où il est facile de s’égarer et de perdre ses objectifs de vue, Oumar se débat pour vivre son rêve. Tant de gens veulent lui enlever. Tant d’obstacles se dressent devant lui tous les jours. Mais il n’abandonnera pas. Il a toujours été le têtu de la famille. Il prouverait bien à son père qu’être un artiste est une belle façon de gagner sa vie. Il lui faut seulement un travail pour que tout commence. Il pourrait ensuite avoir une femme, puis des enfants. La rue fait mal. Elle laisse des cicatrices permanentes. Les plus anciens disent qu’on ne s’en remet jamais. Mais Oumar est différent. Il le sait. Sa situation est temporaire.

Il avait quitté sa famille il y avait déjà quelques années quand il est arrivé à Fès. Il s’est rapidement fait offrir un métier dans les tanneries du souk, mais ce qu’il voulait, c’était de créer. Il voulait prendre le textile, l’assouplir, le travailler et transformer une simple peau en une pièce de collection. Prendre l’aiguille et la faire valser en laissant aller son imagination. À chaque trou percé, il s’évade de toutes les difficultés de sa vie pendant quelques instants. Il oublie tous ses problèmes. Il s’échappe, et cette rédemption est salvatrice. Il s’imagine être reconnu pour la qualité de son travail. Il s’imagine rentrer à la maison et joindre une table remplie de nourriture où une famille heureuse l’attend avec impatience. Il peut devenir tout ce qu’il veut. Le temps d’un instant, le temps d’une œuvre, il est bien plus que le Oumar qui dort sous un pont. Il est le Oumar qui crée, et qui est estimé.
 
Si ce n’est pas de l’art, qu’est-ce? 
Dautres 'histoires pour la prochaine fois...
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<![CDATA[S'évader au quotidien]]>Tue, 23 Aug 2016 01:39:35 GMThttp://nicdumesnil.com/blog/sevader-au-quotidienL’autre jour, il y a à peine une semaine ou deux, j’ai réalisé quelque chose. J’étais dans mon auto, je revenais du travail. Le soleil se couchait devant moi. C’était aveuglant, mais en même temps, qui pourrait oser se plaindre d’une si belle lumière ? La couleur est différente pendant le crépuscule. C’est pour cette raison que c’est le moment des photographes. Probablement aussi parce que c’est un moment qui inspire.

Alors que les ombres des passants s’allongent sur le trottoir de béton, les couleurs deviennent plus chaudes. Tout évolue vers le jaune, l’orange, l’ocre. Alors je repense à cette intensité tellement marquante des couchers de soleils africains. Bon, c’est parti, je repense encore à l’Afrique. Il ne m’en fallait pas plus… Mon esprit vagabonde.
 
Une bonne chanson commence à la radio. Une balade acoustique. Comme si le responsable de la programmation voulait envoyer une touche musicale aux émotions du coucher de soleil. Le tableau est complet.
Une Windstar me coupe. Elle a l’air bien pressée. Elle ne devrait peut-être pas l’être tant que ça vu toutes les égratignures et les bosses de sa carrosserie. Mais elle ne gagnera pas. Je reste de bonne humeur. 
Je pourrais presque croire que le vent qui me chatouille est le même que celui de l’océan. C’est presque le même vent qui faisait danser le vieil arbre de la plage de Kamsar. C’était un arbre unique qui, je l’ai toujours pensé, ne m’a jamais fait face. Il regardait vers le large, c’est certain. C’est ce que j’aurais fait si j’avais été lui.
 
Il y a un milliard de textes sur la vie qui passe trop vite. C’est du réchauffé. Mais la variable qu’on ne mentionne pas assez souvent, c’est qu’il ne faut presque rien pour revivre des émotions. Un rayon de soleil. Une chanson. Un visage. Une photo.
 
En une fraction de seconde, il est possible de se sentir dans un endroit ou dans un état complètement différent. Est-ce que c’est de fuir le présent ? Je ne crois pas. Je pense que nos souvenirs sont non seulement les racines de votre vécu, mais qu’ils permettent aussi de nous réorienter sur ce qu’on veut et ce qui nous rend vraiment heureux. Un voyage ? Un moment en amoureux ? Des découvertes avec les enfants ? Une réussite professionnelle ? Autant de réponses que de gens. 
Ce qu’on oublie souvent aussi, c’est qu’on n’a pas besoin de mise en scène compliquée ou de partir à l’autre bout de la planète pour vivre quelque chose de différent. Évidemment, il n’y a rien de mieux que de pouvoir partir là, justement, à l’autre bout de la planète. Concrètement pourtant, être heureux, ce n’est pas de s’accomplir 3 semaines par année. Le quotidien est bien plus intimidant qu’il ne le paraît. Comme dans tout, c’est l’inconnu qui fait peur.
 
Avoir de la fantaisie dans sa vie, c’est facile à négliger. La routine est là qui nous guette, toujours prête à sauter sur nos idées de folie pour les cacher rapidement. Pourtant, l’émotion qu’on vie en écoutant une chanson, c’est notre esprit qui combat cet ennemi. Et si, pour 4 minutes, on laissait la folie s’emparer de nous ? Croyez-moi, pour le bien de l’humanité, je suis mieux de ne pas chanter, mais j’ai toujours un sourire en voyant quelqu’un qui se laisse aller dans le trafic. C’est un sourire agréable. C’est un sourire de joie. Quelqu’un qui s’évade pendant une minute. Il n’y a certainement rien de mal là-dedans. Au contraire. Ring of Fire de Johnny Cash commence. Ça y est, c’est mon tour, je ne résiste plus. Monte le volume !
De fil en aiguille, j’ai repensé à l’Afrique, j’ai repensé à mes amis qui y vivent, j’ai pensé à mes amis d’ailleurs, j’ai repensé à ma famille aussi. C’est mon esprit qui me joue des tours ? Je pense que la seule chose que j’ai pu faire qui m’a aidé, ça a été de ne pas le bloquer quand il m’a proposé une aventure cérébrale. Le résultat ? Un beau sourire, un sentiment réconfortant et une belle journée de travail qui se termine au coucher de soleil.
 
Est-ce que la routine est tellement mauvaise qu’on doit tout abandonner au lieu d’y naviguer pour trouver une façon d’être heureux? C’est une question rhétorique. Et avec des brins d’imprévu, des émotions bien vécues, des défis de vie et un cœur qui reste jeune, on a des outils pour naviguer. 
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<![CDATA[Vie, mort et Everest. Life, death and Everest.]]>Wed, 30 Mar 2016 19:05:53 GMThttp://nicdumesnil.com/blog/vie-mort-et-everest-life-death-and-everestEnglish version below.

Il y a exactement un an, jour pour jour, j’étais à Katmandou et je rencontrais pour la première fois mes futurs coéquipiers d’expédition. C’était la présentation officielle des membres de notre groupe vers le sommet de l’Everest. Je me souviens encore du mélange de fébrilité et de curiosité que je ressentais. Aller vers une montagne est toujours quelque chose de spécial. Aller vers une haute montagne, encore plus. Aller vers les plus hautes montagnes –ou carrément, LA plus haute- provoque des sentiments uniques. Est-ce que je suis prêt ? Est-ce que ça va bien se passer ? Est-ce que je vais atteindre le sommet ? C’était, avec raison, des questions qui bombardaient mes pensées. Et pourtant, avec toute ma préparation, mes expériences précédentes, ma volonté et ma concentration, j’étais à des années-lumières de pouvoir m’imaginer ce qui allait se passer…
 
C’est spécial de faire le point un an plus tard. Juste un an ? Déjà un an ? La question varie d’une fois à l’autre.
 
La poussière est retombée, mais j’y pense encore. C’est normal : quand je regarde mon facebook, je vois les textes et photos de mes amis qui y retournent cette année. Je vais les suivre à chaque pas et penser à eux. Je leur souhaite évidemment d’atteindre les plus hautes cimes, mais surtout d’être prudents. C’est rare d’avoir une deuxième chance pour quoi que ce soit… C’est un privilège qu’il ne faut pas prendre pour acquis.
Est-ce que je suis jaloux ? Non, pas du tout. Ce n’est pas un mot que j’utilise dans aucune des sphères de ma vie. Est-ce que c’est de l’envie ? C’est un mot qui ne me rejoint pas non plus. Est-ce que j’aimerais y retourner ? Ça, c’est une question plus complexe. Je suppose que la logique voudrait que je ne le souhaite pas. Après tout, j’ai réellement failli y rester. Pourtant, ce n’est pas si simple…
 
Comme on dit, timing is everything. Dans tout, toujours. Pour le meilleur, pour le pire. 2015 a été une année catastrophe à l’Everest. La pire tragédie de l’histoire de la montagne. Mais j’ai été épargné et je suis en santé. Si cette expérience m’a bien appris quelque chose, c’est de me démontrer à quel point tout est fragile. Évidemment, pas besoin d’être à 6,000m dans un tremblement de terre et des avalanches pour s’en rendre compte, mais de réaliser à quel point tout peut aller du meilleur au pire en une fraction de seconde est une leçon saisissante. En plus de cela, vous savez quelle leçon je continue d’apprendre ? C’est que quand tout va pour le pire, et bien il faut aussi s’accrocher. L’avalanche déferle. Elle est plus forte que nous. Elle a des conséquences douloureuses et parfois tragiques. Mais le soleil va revenir, même si parfois on a l’impression qu’il est disparu.
 
Dire que la vie est fragile et qu’il faut en profiter est facile par écrit. Ce sont des mots qu’on a tous lu des centaines de fois. Tellement cliché. Quétaine, même. Mais concrètement, dans la vraie vie, en profiter peut prendre plusieurs formes. Profiter de la vie, c’est parfois partir à l’aventure, vers de nouveaux horizons. C’est parfois le dépassement personnel et de repousser ses limites. Ce qu’on oublie, c’est que c’est aussi d’être là pour les gens qu’on aime et de leur signifier notre appréciation. Personne n’a le luxe de pouvoir remettre les choses importantes à plus tard. Parce que personne ne peut prétendre connaître demain.
 
Profitez de votre expédition vers le toit du monde, mes amis. Profitez de la vie, que vous soyez en montagne ou non. Ne prenez rien pour acquis. Parce que rien ne l’est. Faites tout avec motivation. Comme si vous avez seulement une chance. Consacrez votre passion et votre énergie à atteindre les plus hauts sommets et à apprécier les choses les plus simples. Prenez du temps avec les gens que vous aimez. Et dites-leur que vous les aimez ! Encore des mots mille fois écrits, mais pas assez appliqués !
 
Je suis en pensées avec mes amis à l’Everest et je vivrai de façon viscérale leur grand succès. Mais Timing is everything. Ma place, maintenant, tout de suite, c’est d’être avec les gens que j’aime. Pas sur une montagne. Et ça me va. La montagne est toujours là. J’y penserai en temps et lieu.

Exactly one year ago, day for day, I was in Kathmandu, meeting for the first time my new expedition partners. It was the official presentation of the members with whom we were going to aim for the summit of Everest. I still remember very vividly the mix of excitement and curiosity that was running through my veins. Going towards a mountain is always something special. Going towards a high mountain even more so. Going towards THE highest one generates unique feelings. Am I ready? Will everything go well? Will I reach the summit? It was, with good reasons, the type of questions that were bombarding my thoughts. Despite all my training, my previous expeditions, my willpower and my concentration, I was light years away from even imagining what was going to happen…
 
It’s something special to think about it one year later. Only one year? Already one year? The question varies from time to time.
 
The dirt has settled, but I still think about it. It’s normal: When I go on Facebook, I see the texts and photos of the people I know that are going back. I will follow their every step and think hard about them. Of course, I wish them a successful expedition, but even more: To be careful. It’s a rare thing to have a second chance at anything. It’s a privilege that no one should take for granted.
Am I jealous? No, not at all. It’s not a word I use in any sphere of my life. Is it envy? It’s a word that does not apply either. Would I want to go back? That’s a more complex question. I suppose logic would make me not want to go. After all, I could’ve died last year. But even with that in mind, the answer is not that obvious…
 
As we say, timing is everything. In everything, always. For better or for worst. Everest 2015 has been the worst tragedy of the mountain’s history. But I was fortunate and escaped unharmed.
If this experience has thought me anything, it’s to demonstrate how everything is fragile. Of course, no need to be at 6,000m in an earthquake and in avalanches to understand that, but to realize to what extent everything can go from good to bad in the blink of an eye is a striking life lesson. And, over that, do you know what I continue to learn? That even when everything goes for the worst, we have to hold on. Avalanches are devastating. They’re stronger than us. They have hurtful consequences. Sometimes even tragic. But the sun will come back, even if sometimes we have the impression it has vanished forever.
 
Saying that life is fragile and that you must make the most of it is easy to write. Those words have been written hundreds of time. So cliché. But concretely, in real life, enjoying life takes many forms. Sometimes, it’s to go on an adventure, towards new horizons. Sometimes, it’s to push your limits and your personal growth. But sometimes, it’s also to be there for the people you love and to show your appreciation. No one has the luxury to postpone the important things to later. Because we never know what tomorrow will be made of.
 
Enjoy your expedition to the summit of the world, my friends. To all, enjoy life, may you be on a mountain or not. Don’t take anything for granted. Because it’s not. Do everything like you mean it. Do it like if you had only one chance. Give it all your hart and passion, from reaching your highest goals to enjoying the simplest things. And take some time with the people you love. Oh, and tell them you love them! Again, easier writing it than doing it…
 
I am in thoughts with my friends scaling Everest and I will viscerally live their great success. But timing is everything. My place, right here, right now, is to be with the people I love. Not on a mountain. And it’s fine by me. The mountain is still there. I will think about her in due time.
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