L'expédition
L’Aconcagua, la ‘sentinelle de pierre’, est une montagne haute. Très haute. C’est en fait le point culminant non pas seulement de l’Argentine, mais des Andes, de l’Amérique du Sud et de l’Amérique du Nord. C’est la plus haute montagne du monde à l’extérieur de l’Himalaya. Et quelle vue !
Il ne faut pas se tromper : les conditions climatiques, les sacs lourds, l’altitude extrême et les nombreux jours requis sont des défis importants. Un entrainement dédié est requis pour se rendre au sommet. Ce n’est pas accessible par défaut aux gens qui sont allé dans les rocheuses, dans les Alpes, au Kilimandjaro ou à l’Elbrus. Le résultat par contre est une aventure extraordinaire, une vie d’expédition, un dépassement personnel (psychologique et physique) et la conviction profonde de participer à quelque chose de vraiment spécial.
Situation Géographique Altitude Prix Temps requis % de réussite
Argentine, Amérique du Sud 6,962m. 3,000 @ 5,000 14 @ 18 jours 30%
L’Aconcagua, la ‘sentinelle de pierre’, est une montagne haute. Très haute. C’est en fait le point culminant non pas seulement de l’Argentine, mais des Andes, de l’Amérique du Sud et de l’Amérique du Nord. C’est la plus haute montagne du monde à l’extérieur de l’Himalaya. Et quelle vue !
Il ne faut pas se tromper : les conditions climatiques, les sacs lourds, l’altitude extrême et les nombreux jours requis sont des défis importants. Un entrainement dédié est requis pour se rendre au sommet. Ce n’est pas accessible par défaut aux gens qui sont allé dans les rocheuses, dans les Alpes, au Kilimandjaro ou à l’Elbrus. Le résultat par contre est une aventure extraordinaire, une vie d’expédition, un dépassement personnel (psychologique et physique) et la conviction profonde de participer à quelque chose de vraiment spécial.
Situation Géographique Altitude Prix Temps requis % de réussite
Argentine, Amérique du Sud 6,962m. 3,000 @ 5,000 14 @ 18 jours 30%
Depuis mon retour de l’Elbrus, je me demandais quelle autre expédition
serait mon défi. J’avais envisagé quelques montagnes comme les pics de la
Bolivie ou une virée en Europe avec un ami, mais l’Amérique du Sud et l’Aconcagua
m’ont appelé avec plus d’insistance. Résultat : Départ le 10 décembre 2013
pour une expédition par le Ameghino Valley vers le sommet de l’Aconcagua !
Après quelques jours de voyagement (c’est loin, la Guinée !), je suis arrivé à Buenos Aires où je me suis reposé pendant quelques jours en attendant l’expédition. Je consacre d’ailleurs une page de mon site à cette courte visite dans la métropole principale de l’Argentine.
J’ai ensuite pris l’avion pour me rapprocher des montagnes. Destination : Mendoza !
Une petite visite rapide, une rencontre des gens de mon expé, l’obtention des permis, un repas de bœuf de Chorizo (5 cm d’épais !), un peu de Malbec et ce fut enfin le temps de se rendre non pas vers les montagnes, mais dans les montagnes.
Le point de départ réel de l’expé a été un mini village (un centre de ski abandonné pendant la saison chaude) nommé Penitentes. De là, on a réellement commencé l’aventure.
Après quelques jours de voyagement (c’est loin, la Guinée !), je suis arrivé à Buenos Aires où je me suis reposé pendant quelques jours en attendant l’expédition. Je consacre d’ailleurs une page de mon site à cette courte visite dans la métropole principale de l’Argentine.
J’ai ensuite pris l’avion pour me rapprocher des montagnes. Destination : Mendoza !
Une petite visite rapide, une rencontre des gens de mon expé, l’obtention des permis, un repas de bœuf de Chorizo (5 cm d’épais !), un peu de Malbec et ce fut enfin le temps de se rendre non pas vers les montagnes, mais dans les montagnes.
Le point de départ réel de l’expé a été un mini village (un centre de ski abandonné pendant la saison chaude) nommé Penitentes. De là, on a réellement commencé l’aventure.
La première étape a été de se rendre vers le camp de base. 3 jours de
marche. Sacs légers. Des mules transportent l’équipement. Il fait beau. Il fait
chaud. La vie est belle.
Après 2 jours de marche, on a aperçu l’Aconcagua pour la première fois. Un sentiment inspirant et intimidant. C’est beau, c’est haut. C’est là qu’on va. Mais c’est loin ! Le jeu psychologique est puissant en montagne. Chaque jour est un sommet. Il ne faut pas l’oublier.
Après 2 jours de marche, on a aperçu l’Aconcagua pour la première fois. Un sentiment inspirant et intimidant. C’est beau, c’est haut. C’est là qu’on va. Mais c’est loin ! Le jeu psychologique est puissant en montagne. Chaque jour est un sommet. Il ne faut pas l’oublier.
Nous avons progressé dans un climat chaud avec un soleil duquel il faut se méfier. Un coup de soleil peut endommager la peau, ce qui devient un problème réel en altitude où la peau est plus exposée au vent, au froid et aux forts rayons. Mais on n’est pas là pour se faire bronzer. On se couvre et on fait attention dans ce climat aride et désertique.
La 4e journée a été un repos bien mérité. On était maintenant
rendu à 4,200m et une journée tranquille au camp de base, où il y a des abris complets,
des chaises, des tables et un bon service pour les repas. Le luxe !
C’est ensuite que la partie ‘expédition’ commence. On passe à l’autre
niveau. Haute altitude, pas de mules, pas de porteurs, pas de chaises, pas de
douche, pas de toilettes. L’aventure !
Nous sommes partis avec des sacs d’environ 60 livres (27 kg) pour notre premier ‘carry’ vers le camp 1. Une belle journée à traverser des rivières, à voir l’Aconcagua se rapprocher et à voir les penitentes, ces formations de neige et de glace sculptées par la force du vent.
Nous sommes partis avec des sacs d’environ 60 livres (27 kg) pour notre premier ‘carry’ vers le camp 1. Une belle journée à traverser des rivières, à voir l’Aconcagua se rapprocher et à voir les penitentes, ces formations de neige et de glace sculptées par la force du vent.
Une journée plutôt difficile parce que nous n’étions pas encore habitués
à l’altitude et parce que la dernière partie de la montée est du ‘scree’, de la
gravelle lousse qui limite la progression à chaque pas.
Qu’à cela ne tienne, on s’est rendu au camp 1 à environ 5,000m. On y a laissé le contenu de nos sacs et on est redescendu presque à la course vers le camp de base pour aller apprécier une nouvelle journée de repos mérité.
Qu’à cela ne tienne, on s’est rendu au camp 1 à environ 5,000m. On y a laissé le contenu de nos sacs et on est redescendu presque à la course vers le camp de base pour aller apprécier une nouvelle journée de repos mérité.
Ce fut ensuite le temps de monter de façon permanente au camp 1. Fini le
confort. On passe encore à l’autre niveau. Le niveau de la haute montagne. Une
nuit à 5,000, puis une progression avec sacs lourds vers le camp 2 à environ
5,500m. Une autre belle journée de progression avec une météo pratiquement
parfaite. Un peu de nuages, pas de vent. L’esprit est haut. La concentration
est là. L’équipe est forte. On est motivés.
Quand on arrive à chaque camp, on s’aide. On est 6 pour monter chaque tente. On n’arrête pas tant que tout le monde est installé. L’esprit d’équipe est un bon catalyseur d’énergie. On rit, on s’amuse, on partage. Chacun a ses raisons d’être sur la montagne, mais nos objectifs personnels sont dans la même direction.
Le lendemain, une 3e journée de montée nous attend. On va toucher le camp 3, le ‘high camp’ : Un cheveu en deçà de 6,000m. Par principe et par motivation, on se rendra quand même à 6,000m (et, surtout, pour continuer notre acclimatation). Le camp 3 est vraiment spécial. C’est froid, c’est hostile. C’est des piles de roches qui ressemblent à de la boue séchée. On y a mal à la tête. On est essoufflé simplement à attacher ses souliers. Mais on est au dernier camp avant l’attaque du sommet.
Quand on arrive à chaque camp, on s’aide. On est 6 pour monter chaque tente. On n’arrête pas tant que tout le monde est installé. L’esprit d’équipe est un bon catalyseur d’énergie. On rit, on s’amuse, on partage. Chacun a ses raisons d’être sur la montagne, mais nos objectifs personnels sont dans la même direction.
Le lendemain, une 3e journée de montée nous attend. On va toucher le camp 3, le ‘high camp’ : Un cheveu en deçà de 6,000m. Par principe et par motivation, on se rendra quand même à 6,000m (et, surtout, pour continuer notre acclimatation). Le camp 3 est vraiment spécial. C’est froid, c’est hostile. C’est des piles de roches qui ressemblent à de la boue séchée. On y a mal à la tête. On est essoufflé simplement à attacher ses souliers. Mais on est au dernier camp avant l’attaque du sommet.
On redescend au camp 2 pour dormir ‘moins haut’. La prochaine fois qu’on
se rendra au high camp, ce sera pour notre summit bid. On dit ‘bid’ parce qu’ultimement,
c’est un pari. On pari que notre forme physique est suffisante, que notre force
mentale est au maximum, que la météo sera clémente et surtout, que la montagne
nous laissera passer. C’est elle qui décide, après tout.
Une journée plus tard, c’est le moment. On est le 27 décembre, au camp 2. Et on y va avec le sommet en tête.
Progression lente jusqu’au camp 3 où on mange un peu (pour ceux qui ont encore de l’appétit) et on boit le plus possible. On y va aussi pour se reposer. Le lendemain, c’est l’attaque.
On dort plus ou moins. C’est normal. Il y a évidemment l’effet de l’altitude, mais aussi l’anxiété pour la journée du sommet. Est-ce que je suis prêt ? Est-ce que je suis assez préparé ? Est-ce que la montagne m’acceptera ? Je le saurai bientôt.
Notre guide Augusto nous réveille à 4h. Il nous dit qu’on part dans 1h. Il a décidé que la météo est favorable. Ce n’est pas le genre de matin où on met un ‘snooze’ sur le cadran. C’est le moment !
On sort de la tente habillés de toutes nos couches de vêtement (6). Il fait froid. C’est noir. Mais ce n’est pas grave. C’est motivant.
La progression dans la nuit ne dure pas trop longtemps heureusement (l’aube est le moment le plus froid, mais le plus inspirant avec les montagnes qui s’enflamment et la lumière qui renait). On est déjà à 6,200m quand ces renforts appréciés arrivent. L’ombre de l’Aconcagua se dessine dans les nuages lointains. Tellement inspirant.
Une journée plus tard, c’est le moment. On est le 27 décembre, au camp 2. Et on y va avec le sommet en tête.
Progression lente jusqu’au camp 3 où on mange un peu (pour ceux qui ont encore de l’appétit) et on boit le plus possible. On y va aussi pour se reposer. Le lendemain, c’est l’attaque.
On dort plus ou moins. C’est normal. Il y a évidemment l’effet de l’altitude, mais aussi l’anxiété pour la journée du sommet. Est-ce que je suis prêt ? Est-ce que je suis assez préparé ? Est-ce que la montagne m’acceptera ? Je le saurai bientôt.
Notre guide Augusto nous réveille à 4h. Il nous dit qu’on part dans 1h. Il a décidé que la météo est favorable. Ce n’est pas le genre de matin où on met un ‘snooze’ sur le cadran. C’est le moment !
On sort de la tente habillés de toutes nos couches de vêtement (6). Il fait froid. C’est noir. Mais ce n’est pas grave. C’est motivant.
La progression dans la nuit ne dure pas trop longtemps heureusement (l’aube est le moment le plus froid, mais le plus inspirant avec les montagnes qui s’enflamment et la lumière qui renait). On est déjà à 6,200m quand ces renforts appréciés arrivent. L’ombre de l’Aconcagua se dessine dans les nuages lointains. Tellement inspirant.
Notre progression a été rapide. On a dépassé 2 groupes. Notre énergie
est bonne. On prend des pauses pendant lesquelles on s’oblige à prendre des
gels énergétiques et de l’eau. La vue est fabuleuse même si la pente est encore
longue.
En passant le dernier shelter, on a un vent plutôt violent qui nous fouette le visage. Il faut faire attention de ne pas se brûler et de ne pas perdre trop d’énergie. La traverse (qui en fait, est plutôt un pente qu’une traverse) se passe bien aussi. La gravelle à la fin de la traverse est par contre plutôt difficile, ce qui nous prend à tous de l’énergie précieuse.
On se rend néanmoins jusqu’à environ 6,600m à la fin de la traverse (l’endroit s’appelle ‘the cave’). On enfile ensuite nos crampons pour une section dans la neige qui est plutôt abrupte. Une progression toujours lente. 1 pas, 1 insufflation. Je suis en transe. Je ne vois plus le temps qui passe. Je suis concentré, mes pas sont solides, mais le temps n’existe plus. C’est inévitable dans une journée aussi longue. La montre ne sert à rien. Ce n’est plus qu’un pas devant l’autre, une concentration au maximum et un combat continue. La montagne se respecte. Et se mérite.
Puis tout bascule. Devant moi, un homme d’une autre expédition tombe au sol. Ses coéquipiers, paniqués, ne me donnent pas une bonne impression. C’est quelque chose de grave.
Je me rends jusqu’à lui pour réaliser qu’il n’est plus conscient. J’enlève mon sac, je respire quelques bons coups pour être certain d’avoir toute mon énergie et je m’approche de l’homme. Il n’a pas de pouls. Pas de retour capillaire. Pas de dilatation de pupilles.
On débute le massage cardiaque à 2. On s’alterne pendant qu’un guide va chercher de l’oxygène plus bas. Un autre tente d’appeler un médecin par téléphone satellite. Toujours aucune réaction.
45 minutes passent. 45 minutes pendant lesquelles on s’alterne. On ne va pas arrêter le RCR avant d’avoir parlé à un médecin. Mais à 6,700 mètres, aucun hélicoptère ne peut se rendre. C’est trop haut. Et on le sait tous.
On parle finalement au médecin qui nous confirme qu’il n’y a rien à faire. On doit arrêter pour ne pas perdre notre énergie complètement. Il est mort. C’est terminé.
Le moment se fige avec les derniers coups donnés sur son plexus. C’est vraiment terminé ? Oui, ce l’est. Il faut le laisser là. Ils viendront le chercher demain. La montagne l’a pris. C’est sans appel.
Certains se retirent, d’autres fixent le vide. D’autres pleurent. Le paysage est si beau autour, mais si violent en même temps.
À ce moment, je me questionne aussi. Je ne suis plus motivé pour le sommet. Je n’ai plus envie d’être là.
Puis on se parle entre nous. On fait la part des choses. Cet homme, il se rendait au sommet. Alors c’est là qu’on va se rendre. Et on va avoir une pensée pour lui. D’en haut.
En passant le dernier shelter, on a un vent plutôt violent qui nous fouette le visage. Il faut faire attention de ne pas se brûler et de ne pas perdre trop d’énergie. La traverse (qui en fait, est plutôt un pente qu’une traverse) se passe bien aussi. La gravelle à la fin de la traverse est par contre plutôt difficile, ce qui nous prend à tous de l’énergie précieuse.
On se rend néanmoins jusqu’à environ 6,600m à la fin de la traverse (l’endroit s’appelle ‘the cave’). On enfile ensuite nos crampons pour une section dans la neige qui est plutôt abrupte. Une progression toujours lente. 1 pas, 1 insufflation. Je suis en transe. Je ne vois plus le temps qui passe. Je suis concentré, mes pas sont solides, mais le temps n’existe plus. C’est inévitable dans une journée aussi longue. La montre ne sert à rien. Ce n’est plus qu’un pas devant l’autre, une concentration au maximum et un combat continue. La montagne se respecte. Et se mérite.
Puis tout bascule. Devant moi, un homme d’une autre expédition tombe au sol. Ses coéquipiers, paniqués, ne me donnent pas une bonne impression. C’est quelque chose de grave.
Je me rends jusqu’à lui pour réaliser qu’il n’est plus conscient. J’enlève mon sac, je respire quelques bons coups pour être certain d’avoir toute mon énergie et je m’approche de l’homme. Il n’a pas de pouls. Pas de retour capillaire. Pas de dilatation de pupilles.
On débute le massage cardiaque à 2. On s’alterne pendant qu’un guide va chercher de l’oxygène plus bas. Un autre tente d’appeler un médecin par téléphone satellite. Toujours aucune réaction.
45 minutes passent. 45 minutes pendant lesquelles on s’alterne. On ne va pas arrêter le RCR avant d’avoir parlé à un médecin. Mais à 6,700 mètres, aucun hélicoptère ne peut se rendre. C’est trop haut. Et on le sait tous.
On parle finalement au médecin qui nous confirme qu’il n’y a rien à faire. On doit arrêter pour ne pas perdre notre énergie complètement. Il est mort. C’est terminé.
Le moment se fige avec les derniers coups donnés sur son plexus. C’est vraiment terminé ? Oui, ce l’est. Il faut le laisser là. Ils viendront le chercher demain. La montagne l’a pris. C’est sans appel.
Certains se retirent, d’autres fixent le vide. D’autres pleurent. Le paysage est si beau autour, mais si violent en même temps.
À ce moment, je me questionne aussi. Je ne suis plus motivé pour le sommet. Je n’ai plus envie d’être là.
Puis on se parle entre nous. On fait la part des choses. Cet homme, il se rendait au sommet. Alors c’est là qu’on va se rendre. Et on va avoir une pensée pour lui. D’en haut.
L’heure et demi qui restait a été extrêmement pénible. La fatigue a frappé, l’état de transe a été dérangé, la concentration aussi. Il a fallu retourner à la base. Un pas à la fois. Bien respirer. Les repos ne se font pas pour regarder vers le haut de la pente qui ne termine pas, mais vers les montagnes autour qui elles, peuvent donner cette énergie nécessaire.
À 15h00, je suis arrivé au haut de la pente. Au haut de l’objectif. Sur le sommet de l’Aconcagua. L’euphorie ne s’écrit pas. Le sentiment est trop intense pour des mots. C’est vraiment le fait d’aller au bout de soi-même. Évidemment, le défi physique est important, mais la partie psychologique est la plus importante. Et elle, c’est depuis le tout premier pas qu’elle travaille.
La vue est superbe. On est tellement petits. La montagne est tellement grande. Mes pensées vont vers ce constat. Elle est brutale, elle est poétique. Elle a sa propre logique. Je suis peut-être sur le sommet, mais je m’incline devant elle.
À 15h00, je suis arrivé au haut de la pente. Au haut de l’objectif. Sur le sommet de l’Aconcagua. L’euphorie ne s’écrit pas. Le sentiment est trop intense pour des mots. C’est vraiment le fait d’aller au bout de soi-même. Évidemment, le défi physique est important, mais la partie psychologique est la plus importante. Et elle, c’est depuis le tout premier pas qu’elle travaille.
La vue est superbe. On est tellement petits. La montagne est tellement grande. Mes pensées vont vers ce constat. Elle est brutale, elle est poétique. Elle a sa propre logique. Je suis peut-être sur le sommet, mais je m’incline devant elle.
Ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que le sommet, c’est la moitié du chemin. Et c’est pendant la descente que les accidents arrivent. Alors c’est ma tâche de ne pas faire partie des statistiques.
On est redescendu au high camp en quelques heures. Un petit regard vers le haut encore une fois. Elle est là qui nous regarde encore et toujours. La sentinelle de roche.
Une nuit où on s’effondre pour dormir plusieurs heures à 6,000m, c’est une nuit où on est vraiment fatigués. Morphée n’a pas eu beaucoup de travail à faire.
On est redescendu au high camp en quelques heures. Un petit regard vers le haut encore une fois. Elle est là qui nous regarde encore et toujours. La sentinelle de roche.
Une nuit où on s’effondre pour dormir plusieurs heures à 6,000m, c’est une nuit où on est vraiment fatigués. Morphée n’a pas eu beaucoup de travail à faire.
Puis ce fut le retour jusqu’au camp de base de la voie normale. Une descente amusante où chaque pas nous a permis d’avoir une concentration d’oxygène de plus en plus importante. Une nuit au camp de base à 4,000m sera prise, puis on s’est fait informer par nos guide que si nous arrivions à parcourir les 32km du lendemain assez rapidement, nous aurions la possibilité d’aller jusqu’à Mendoza par l’autobus la journée même. En d’autres mots, si notre vitesse était suffisante, nous aurions des lits, des douches, du steak et du malbec. Message reçu.
On a couru. Ce n’est pas compliqué ! Moins de 6h pour 32km. Time to leave !
On a couru. Ce n’est pas compliqué ! Moins de 6h pour 32km. Time to leave !
On est arrivés à la base. Les accolades ont été sincères. Là c’est vrai. On a réussi. On est entré et sorti sur nos pieds. C’est ça, ultimement, la réussite. Le sommet, c’est évidemment le bonus, mais l’aventure, c’est chaque moment. C’est chaque rire, c’est chaque regard vers l’horizon. C’est les nuits sans nuages où la voie lactée s’illumine. C’est les rencontres, c’est le dépassement. C’est bien plus que tout ça même ! Ce n’est certes pas gratuit, mais tout est là aussi. Si c’était gratuit, ce ne serait pas tout ça. Ça nous change pour toujours. C’est la montagne.